Dady de Maximo Mwicira Mitali est un artiste rwandais, cinéaste, poète, créateur de mode. Il a 29 ans. Déjà rescapé du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994, il est un des rares de sa famille à avoir survécu. Il a été victime d’une tentative de meurtre et d’actes de torture le 10 novembre 2011 à Kigali, Rwanda. Ses agresseurs ont revendiqué leur homophobie dans un tract laissé sur place.

dimanche 13 novembre 2011

Communiqué





Les faits

Sujet depuis des mois à une virulente campagne de menaces et de dénigrement sur les réseaux sociaux rwandais, Dady se savait menacé. En mars 2011, son ami Claude a été passé à tabac en pleine rue sous ses yeux. Claude est aujourd’hui réfugié au Danemark.

Dans la nuit du 09 au 10 novembre, ses agresseurs ont commis l’irréparable. Ils ont fait irruption chez Dady, armés d’un pistolet, de couteaux et d’essence. Après l’avoir attaché sur une chaise, bâillonné, ils l’ont insulté, frappé sur tout le corps pendant une heure, tout en lui rasant la tête avec une baïonnette. Leur intention finale était de le bruler vif. Il a réussi à briser la chaise au moment où ils l’ont aspergé d’essence. Il s’est enfui dans la cuisine en hurlant. Ils l’ont poursuivi, pour l’achever d’un coup de baïonnette. Il s’est protégé de son bras, se faisant sectionner les tendons de la main.

Il ne doit son salut qu’à l’irruption d’un voisin enfin alerté par le fracas de la lutte. Les agresseurs ont fui. Un tract a été laissé sur place stigmatisant « la perversion de la jeunesse rwandaise véhiculée par un dépravé » en lui reprochant « son film de pédé », leur volonté de suivre « l’exemple ougandais et burundais où on a commencé à tuer les gays » et que Dady serait « le premier sur la liste au Rwanda ».


Qui est Dady de Maximo ?

Dady a échappé une première fois à la mort en 1994. Les miliciens l’avaient laissé avec un dernier souffle de vie, violé et mutilé, au milieu d’un marais. Une cinquantaine de membres de sa famille élargie ont été massacrés dans des circonstances plus atroces les unes que les autres lors de ce génocide invisible aux yeux du monde.
Depuis, Dady a mené trois combats avec une énergie surhumaine : sa propre (sur)vie et celle des rescapés, un travail cinématographique sur l’écho infini du génocide (By the Shorcut), et, non sans ironie, un travail de couturier célébrant la beauté retrouvée du Rwanda. Il est ainsi le père de la première Fashion Week tenue dans l’Afrique des Grands Lacs et le seul rescapé du génocide auteur de documentaire.
Dady menait discrètement sa vie de « dépravé », englouti par le travail sur la mémoire du génocide et la défense inlassable de la parole des rescapés. Sa plus grande « perversion » a surement, aux yeux de ses agresseurs, été d’accueillir d’autres orphelins du génocide dans son collectif artistique, leur assurant en toute circonstance gîte, couvert, espace de parole et d’expression artistique. Sa maison était une ruche en perpétuelle effervescence. Ceux d’entre nous qui y ont séjourné, photographe d’un défilé, réalisateur en quête d’un projet collaboratif, chercheurs en science sociale, travailleurs humanitaires, en ont encore le tournis.


L’analyse du collectif et le contexte rwandais

Aujourd’hui « Dady est en grand danger » selon les mots de son avocat. La menace est permanente, anonyme.
Si le Rwanda n’est aucunement à ranger dans la même catégorie que d’autres pays d’Afrique où sévit une homophobie d’Etat et où les persécutions sont encouragées (Ouganda), la discrimination sociale et professionnelle est la norme. Si le parlement rwandais a bien rejeté l’an dernier une proposition de loi visant à pénaliser l’homosexualité et a rappelé l’égalité de tous les citoyens rwandais, la majorité d’entre eux partagent les préjugés de leurs voisins à l’encontre des homosexuels. Si le sentiment ne vaut pas passage à l’acte, il est suffisamment fort et généralisé pour valoir approbation ou indifférence à l’égard du sort réservé à Dady. Il dit lui-même : « on me reprochait déjà d’être gay avant même que je découvre ma sexualité ».
Et surtout Daddy cumulent deux tares qui gênent la société : sa vie privée et son implication tonitruante dans la défense des rescapés du génocide. Ceci expliquant peut-être le modus operandi de la tentative de meurtre, écho à beaucoup de scènes du génocide, et le fait que ses agresseurs ont mentionné son film comme autre motivation à leurs actes.
Pour notre part, nous essayons de l’entourer, d’assurer une présence à son domicile, de pourvoir à l’urgence financière car il est dans l’impossibilité de travailler. Le soutien moral est la première chose que nous pouvons lui apporter, ainsi qu’un soutien financier même modeste. Nous nous battons à terme pour qu’il obtienne le statut de réfugié en France et soit enfin extirpé des mains de ses meurtriers. Aujourd’hui Dady veut simplement vivre la vie qu’il a choisie, après avoir survécu à tout.

 
Nous ne laisserons pas assassiner Dady une troisième fois.


  http://www.facebook.com/collectif.dadydemaximo

1 commentaire:

  1. It's a shame that in Rwanda people are still brutalized because of their sexual orientation! Come on people, we are no longer in 12 century!
    Ibikorwa nkibyo bya homophobie isi yarabisezereye, niba dushaka gutera imbere, nitureke buri wese yisanzure mu rwa Gasabo. Sorry Dady, I'm Rwandan and I'm straight but I'm with you in your pain, get well soon.!

    RépondreSupprimer